Eric Médard
La Salamandre, 2015
Qu’ils sont troublants ces passeurs de lune qui occupent l’espace lors « du temps des rêves ». Autant de bêtes de la nuit qui ont été guettées des jours et peut-être des mois durant, avant d’être « piégées » sur la photo.
Ce pourquoi les genettes (habituellement invisibles), grands ducs, martres, engoulevents et même le sanglier sont saisis « à leur insu » dans leur état le plus naturel et le moins accessible aux hommes (à la vue limitée par l’obsombre). Magie de voir un lynx dont l’œil darde sa proie, une souris qui bondit, une chauve-souris qui se mire dans l’eau, une martre équilibriste, une loutre hésitante.
Chaque animal est un « histoire » en soi ». Comme si l’homme était absent en un monde de biodiversité presque anthropocène, avec des « passes-murailles » se glissant sous « les ondes de lune ». Cela leur donne une réalité fantomatique au terme d’une aventure de ce photographe rappelant ses ascendants paysan et utilisant la technique infrarouge.
Jane Hervé