Lucile Leclair
Seuil, Reporterre, 2020
Au nom de la “biosécurité”, les injonctions à industrialiser l’élevage à tout prix se font de plus en plus pressantes. Les dernières pandémies, H5N1, grippe porcine et Covid-19 sont utilisées comme des prétextes supplémentaires aux détriments des petits élevages, du bien-être animal et de la santé. Lucile Leclair, journaliste, étudie ce phénomène dans son dernier livre paru en novembre 2020. Un essai court et précis. Il est facile à comprendre tout en étant toujours bien sourcé, à l’instar des autres ouvrages de la collection « Reporterre ». Il est paru à un moment opportun pour questionner l’avenir de notre alimentation.
À l’heure où le débat public tourne son discours vers plus de proximité avec la production et les animaux, l’industrie opère une fuite en avant dans l’autre sens. Elle utilise le prétexte des pandémies qui seraient à l’origine transmises par la proximité avec la faune sauvage pour couper totalement les fermes de leur environnement. Si cette hypothèse explique en partie les maladies, elle n’est pas la seule raison. Il y en a beaucoup d’autres telles que le transport des animaux à travers la planète, la sélection des espèces pour plus de productivité ou encore la destruction des habitats sauvages.
À cela, s’ajoute la tentative presque naïve de croire que l’isolation totale d’une ferme peut permettre d’éviter tout contact avec la moindre bactérie ou virus. Il n’en est rien et même dans les élevages où les procédures sont les plus strictes, elles ne sont en général pas suivies parfaitement et des failles persistent. Au risque d’engendrer de nouvelles pandémies.
C’est pourtant le modèle que les politiques agricoles privilégient la plupart du temps. Les lobbies du secteur sont très puissants et les dirigeants ont souvent tendance à ne discuter qu’avec une poignée d’acteurs. Ces derniers défendent le plus souvent les intérêts privés plutôt que l’intérêt public.
Il existe pourtant des ripostes de paysans. Souvent marginales, elles ont du mal à faire bouger les lignes, elles montrent pourtant qu’il est possible de penser autrement. En mélangeant les espèces et les races, en diminuant le transport des animaux, en habituant les espèces à rencontrer des virus, en diminuant la prise de médicament, etc. Il est possible d’enrayer les pandémies en luttant contre l’industrialisation galopante.
William
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