Jean-Marc Gancille
Rue de l’échiquier, coll. Les Incisives, 2019
Nous parlons aujourd’hui d’un livre qui marque tous les lecteurs qui l’ont commencé et encore plus ceux qui l’ont terminé. En effet, il a beau être court, sa lucidité peut rebuter mais fait du bien. Mettre les mots sur des réalités plutôt que tenter de les camoufler sous des termes abscons pour se voiler la face, permet de mieux appréhender l’avenir et de savoir pour quelles causes on se bat réellement.
S’il aborde des sujets que les militants climats aguerris connaissent, les voir réunis tous au même endroit sous cette forme donne à voir l’étendue du problème et que les solutions simples qu’on nous propose à longueur de journée ne résolvent rien, voir souvent elles empirent le problème car elles permettent aux personnes l’ayant mises en place de se dédouaner de toute responsabilité et de remettre la faute sur d’autres.L’auteur Jean-Marc Gancille vit à la Réunion et consacre son temps à la conservation de la faune sauvage. Il appelle à la radicalisions, terme à la mode en ce moment mais tout à fait adéquat dans son propos.
Non, écologie et économie ne vont pas ensemble.
Non, une transition douce n’est pas possible dans l’état actuel des choses.
Non, les petits gestes et le chacun fait sa part ne seront pas suffisant.
Non, les politicien.ne.s , ne feront rien et il est illusoire de croire encore ce qui n’est que du discours.
Oui, tout va beaucoup plus vite que ce que tous les modèles scientifiques avaient prévu, aussi bien au niveau du dérèglement climatique, que de la disparition de la biodiversité ou de la pollution.
Oui, les milliardaires sont des personnes toxiques pour l’humanité.
Oui, ce que l’on nomme aujourd’hui l’effondrement a déjà commencé un peu partout sur la planète.
Oui, il va être très compliqué de s’en sortir la tête haute.
« Il nous faut enfin admettre qu’il n’y a pas de « solution ». Combattre un certain unanimisme naïf et stérile, shooté aux allusions de l’écologie positive, qui prétend contre toute objectivité qu’il est encore temps d’inverser la situation catastrophique dans laquelle nous nous sommes englués. Et combattre l’idée reçue selon laquelle un regard par trop aiguisé sur l’étendue des dégâts serait démobilisateur. »
« Nous devons nous confronter à l’inéluctabilité de la catastrophe. Non pas pour nous convaincre que le pire est certain, non pas comme l’acceptation d’une fatalité sur laquelle nous n’aurions aucune prise, mais justement pour prendre pleinement au sérieux la probabilité d’un scénario noir dont nous pouvons encore minimiser le dommage maximal. Seule la prise en compte de la réalité de ce scénario peut motiver une action déterminée et proportionnée. Envisager le pire comme option parmi d’autres conforte l’attitude psychologique qui fait que la perspective d’une catastrophe nous laisse indifférents tant qu’elle n’est pas advenue. »