Texte Marc Giraud, illustrations de Gilles Macagno
Delachaux et Niestlé, 2016
Il faut le reconnaître : le vocabulaire amoureux de Marc Giraud est plutôt cru, pour ne pas dire bestial. Il est vrai que les originalités et disponibilités des Mars et Vénus animaux prédisposent aux extravagances linguistiques.
Certains ont des milliards de spermatozoïdes (verrat, mâle) ou des millions d’ovocytes (poisson-lune, femelle). Les dames kangourous ont deux vagins séparés par une cloison. Les relations amoureuses n’ont que des extravagances, lesquelles facilitent un inventaire à la Prévert. Chez les hippocampes, les femelles ont des tuyaux de ponte mais c’est le mâle qui accouche. Les femelles des insectes neotrogla – des « Brésiliennes » vivant dans les grottes – disposent de goupillons accrocheurs qui étreignent puissamment le mâle pendant l’acte. Les préliminaires baveux des escargots de Bourgogne durent pas moins de 10 heures (je l’ai vérifié !). Les gendarmes s’accouplent dos à dos, le plus fort avançant, l’autre reculant (je l’ai vérifié aussi). Le péripate (sorte de mille-pattes mou) fait l’amour de trois façons différentes, dont l’une avec le nez sur lequel est – certes – disposé le sperme adéquat. L’araignée mâle offre un « cadeau de noces », puis s’accouple avec l’énorme femelle fort occupée à se goinfrer. Certains disposent d’une version de poupées gonflables (tortue, chien, crapaud), d’autres font des parties fines (perroquets), d’autres se prostituent. Les illustrations croquignolesques de Gilles Macagno confortent la fougue humoristique du texte : depuis le homard strip-teaseur, la mésange polygame, les hérissons pris en levrette jusqu’aux girafes homosexuelles.
Toutes les péripéties de ce « sex-text », il faut le reconnaître, sont pensées, décrites et illustrées à partir de notre expérience humaine à la diversité également exemplaire. Le dernier chapitre succinct de ce « bête-seller » est réservé aux bêtes humaines. Ouf ! On y apprend que les phéromones des couvents, prisons, kibboutz engendrent des menstruations synchronisées des femmes. Et que les dames simiologues* ont, quant à elles, synchronisé leur cycle avec celui des guenons (tous les 35 jours). « Preuve irréfutable de notre parenté » ! Entre autres.
Jane Hervé
* Simiologue ou primatologue, spécialistes des singes.