Pierre-Marie Terral et Sébatien Verdier
Dargaud, 2024
Le Larzac est très connu dans les milieux gauchistes comme étant une lutte longue et victorieuse. Elle a duré 10 ans, de 1971 à 1981 et a connu de nombreuses formes. Très créative, le fait qu’elle est victorieuse donne de bonnes idées à suivre aujourd’hui pour d’autres. Contemporaine de mai 68, des luttes anti-nucléaire (Plogoff, Creys-Malville, …), LIP à Besançon, le MLF, elle a mélangé les genres et c’est fascinant de découvrir dans cet ouvrage tout ce qu’elle a traversé.
La bande dessinée reprend tout depuis le début et déroule les faits de manière chronologique pour bien nous resituer dans l’époque (en effet, c’était il y a déjà 53 ans). Le ministre de la Défense Michel Debré sous la présidence de Pompidou a pour projet d’agrandir le camp militaire du Larzac pour le sextuplé de taille et utiliser le causse comme terrain d’exercices. Les paysans ne sont pas d’accord et s’associent à 103 pour refuser de vendre et d’être exproprié. Le contexte est à l’antimilitarisme et les paysans sont attachés à leurs terres.
Rapidement, les paysans font entendre leurs revendications au delà du Larzac et convergent avec les milieux ouvriers, étudiants et même le clergé du coin jusqu’à organiser une manifestation de 100000 personnes sur ce terrain très peu peuplé. Le choix de la « guerre d’usure » avec des tactiques non-violente est triomphante. Des blagues potaches, à la désobéissance civile, en passant par le juridique, les manifestations et la mobilisation nationale à travers une centaine de groupes locaux, tout y passe. L’arrivée au pouvoir de Mitterrand en 1981 mettra fin à ce projet d’expansion et les militaires rentreront chez eux.
Les images d’archives et le choix de la bande dessinée en font un format très agréable à lire et intéressant. La construction narrative est solide et les dialogues riche pour saisir les différents points de vue et les réels discussions car en 10 ans tout n’a pas toujours été rose et les revers ont été nombreux.
William