Brigitte Lapouge-Déjean et Serge Lapouge, préface de Louisa Jones
Terre vivante, 2012
Comment cultiver des « jardins de l’impossible » (dixit Louisa Jones), autrement dit confrontés au manque d’eau sur des terrains ventés, caillouteux, arides… ?De tels lieux, deviennent le quotidien de nombre de jardiniers : ils s’étendent désormais au-delà de l’espace méditerranéen traditionnel pour atteindre la Normandie, l’Ile de-France, la Bourgogne.
Cet ouvrage de Brigitte Lapouge-Déjean et Serge Lapouge (publié en 2012) prend une forte actualité avec l’extension des périodes de canicule. Que faire quand l’évolution climatique contraint, de moins en moins lentement et de plus en plus surement, les zones tempérées à subir des périodes de grande sécheresse entrecoupées de pluies diluviennes. L’effroi gagne en imaginant la France muée en un Sahara où régneraient le sable et non les tomates-poireaux-salades. Nul doute… Demain les jardins ne seront plus ceux d’aujourd’hui et leurs jardiniers devront se muer en magiciens : l’eau à économiser (pour éviter les catastrophes de la mer d’Aral ou de la mer Morte) impose de changer nos habitudes.
Jardins secs présente les problèmes les plus fréquents liés à la sécheresse et leur résolution, à travers 13 exemples de jardins situés dans divers coins de France : des jardins de l’Albarède à celui des Mille et une fleurs, des jardins bio de Terre vivante à ceux de la Louve (dont certains sont visitables). Par leur emplacement, ils sont confrontés tous les ans au sec, à la chaleur, à une terre caillouteuse ou pentue… Néanmoins dans ces conditions défavorables, leurs jardiniers ont fait naître des jardins riches et luxuriants.
Quelles sont les règles de base de ce jardinage en milieu sec ? Il faut 1) apprivoiser et améliorer le sol en s’adaptant au rocher ou à la terre sablonneuse ; 2) gérer des zones de conditions extrêmes en se protégeant du vent et du soleil, en résistant au sel et aux embruns, en ancrant son jardin dans la pente ; 3) cultiver mieux avec moins d’eau en arrosant au minimum et en gérant cet arrosage, en choisissant des légumes moins exigeants ou résistant à la sècheresse, en récupérant l’eau ; 4) opter pour le sec en créant un jardin sur graviers, écartant le gazon et observant les différentes zones de terres sèches.
Un luxe de détails et de moyens sont proposés pour le paillage, pour la sélection de plantes adéquates selon les saisons, pour les nouvelles cultures en lasagnes, etc… Tant de trucs de jardiniers à découvrir illustrés par des photos dont la seule vue rafraîchit déjà ! Voila qui redonne l’espoir puisque « expérimenter, c’est vivre ». Alors… vive les néo-jardiniers !
Jane Hervé