Matt Haig
Hélium, 2014
C’est l’histoire d’un extra-terrestre envoyé en mission sur Terre. Mission qu’il n’achèvera ni n’oubliera jamais vraiment.
C’est l’histoire d’un être intelligent qui échange l’immortalité contre l’amour.
Imaginez que notre Soleil est un pamplemousse posé à une extrémité de la table basse du salon et la clémentine bleue figurant la Terre est à l’autre extrémité. Pour figurer la distance proportionnelle, sa planète d’origine devrait être représentée par un fruit sur la table basse d’un salon en Nouvelle-Zélande. Le narrateur est aussi différent des humains que sa planète est éloignée de la Terre.
Par une nuit froide et venteuse, il se retrouve téléporté sur notre « petite planète aqueuse, dans un recoin très isolé de l’Univers », dans la peau d’un brillant professeur de mathématiques de l’Université de Cambridge, « marié » à une historienne, « père » d’un adolescent tout à fait adolescent et, nu sous la pluie. Fort heureusement, l’auteur étant anglais, la pluie ne lui est pas fatale mais seulement détestable.
Avec le temps, il trouvera notre apparence physique somme toute, supportable et infinie la liste des choses que nous inventons pour nous rendre heureux mais ne font que notre malheur.
Après une arrivée quelque peu chaotique comprenant un accident de voiture suivi d’un trajet en ambulance, une longue marche et les premiers contacts avec la civilisation, donc des humains, Cosmopolitan et, très rapidement, un bref séjour en cellule, puis à l’hôpital psychiatrique où « sa femme » lui rend visite. Après cette arrivée si peu discrète, il cherchera à accomplir sa mission et tout d’abord en devenant le brillant mathématicien Andrew Martin.
Il rencontrera le fils, la mère (au téléphone), le plus proche ami, quelques collègues et une étudiante du professeur qu’il remplace de son mieux, notamment en assurant ses cours et en prenant soin de son chien, Newton.
Mais après un début prometteur, il peine à supprimer d’autres humains et à conclure sa mission. Pire, il parvient à dissuader ses congénères de s’obstiner dans leur projet.
Devenu fan d’Emily Dickinson, avant de quitter le foyer conjugal sur l’ordre de « sa femme », il rédige une (longue) liste de conseils et idées à l’usage de « son fils », parmi lesquels :
1. « La honte est une entrave. Libère-t’en.
3. Sois gentil avec autrui. À l’échelle de l’Univers, tous les hommes ne font qu’un.
4. La technologie ne sauvera pas l’humanité. Ce sont les humains qui la sauveront.
10. L’histoire relève des mathématiques. La littérature aussi. L’économie, de la croyance.
30. Ne vise pas la perfection. L’évolution, comme la vie, n’existe que grâce à l’erreur.
40. Tout est une comédie. Si des gens rient de toi, c’est qu’ils ne doivent pas bien comprendre la plaisanterie qu’ils sont eux-mêmes.
60. Obéis à ta tête. Obéis à ton cœur. Obéis à tes tripes. En fait, obéis à tout sauf aux ordres.
93. L’école est une blague. Mais accroche-toi, car tu es tout près d’entendre la chute. »
Vous l’aurez compris, il semble qu’il ne soit jamais reparti pour le fruit sur la table basse d’un salon en Nouvelle-Zélande.
Une lecture de vacances que j’ai trouvée drôle et intéressante. Il y est question de la vie : son sens, son improbabilité, sa beauté et aussi de l’amour du vivant.
Chantal