Colin Niel
Rouergue, 2020
L’auteur présente les principaux protagonistes : tout d’abord Charles, vieillard solitaire, prêt à affronter ses ennemis ; puis Martin, garde du parc national des Pyrénées, qui déclare d’emblée avoir honte d’être un humain (il aurait voulu être « tout sauf homo sapiens ») ; ensuite Apolline, étudiante, au jour de son vingtième anniversaire, « le plus joyeux et aussi le plus triste » car c’est le premier sans sa mère ; et, dernier mais pas moindre, Kondjima, jeune Namibien mal aimé de son père, amoureux de la belle Karieterwa qui le lui rend bien. Ces quatre destins, qui ont plus en commun qu’il n’y paraît au premier abord, vont se croiser, se séparer et en rester durablement marqués.
Tout en nous faisant voyager dans le temps, Colin Niel, comme un guide du bon chasseur, expose méthodiquement son récit en cinq temps.
Premier temps : identifier sa proie ; tâche parfois laborieuse, parfois source de surprises. Chacun de nous n’est-il pas la proie d’un prédateur et aussi le prédateur d’une proie ?
Deuxième temps : approcher la proie, l’observer, apprendre à la connaître un peu pour se préparer à la suite.
Le troisième temps est celui de la traque, palpitante, longue, parfois difficile mais aussi introspective et riche d’enseignements.
Puis arrive le quatrième temps : la mise à mort, le point culminant. Instant bref et unique, il est aussi celui que l’on revivra encore et encore dans les jours suivants.
Le cinquième temps, celui de la descente, fait place au rituel.
Enfin, joyeux et harmonieux, l’épilogue vient, tel un baume, clore le récit
Colin Niel réussi à nous rendre chacun de ses personnages « humain », c’est-à-dire tout en nuances, pas totalement différent de soi-même, pas totalement étranger. En découvrant leurs failles, leurs défauts ou leurs excès adossés à leurs qualités, nous les comprenons ou, du moins, nous en comprenons quelque chose.
Pendant la lecture, j’ai senti vaciller certaines de mes certitudes et trouvé des pistes de réponse à certaines questions. Je ne suis pas sortie indemne de croiser ces quatre destins. De plus, j’ai découvert un conteur de qualité.
Chantal