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Dalibor Frioux

Dimanche 14 octobre 2018, 17:30 – 19:30
Sur la librairie, au 100ecs

Eloge du sommeil à l’usage de ceux qui l’ont perdu
(Seuil, 2017)

Pourquoi dormir quand il y a tant à faire ? Le sommeil à l’ancienne n’est-il pas dépassé, enterré par les réseaux sociaux, les boutiques et les agendas ouverts 24 h sur 24 ? L’urbanisation nous conduit à un temps uniforme, à une illumination permanente de l’environnement, à une succession de stimulations irrésistibles. Faire une pause, oui. Dormir, plus jamais !

Aujourd’hui, la valeur du sommeil est devenue relative, elle n’est plus gravée dans le marbre de la nuit. Il faut donc rappeler sa vertu et sa magie, célébrées dès les premières civilisations humaines. Le sommeil est d’abord ce remède intérieur que s’octroie le corps en s’alignant sur le rythme cosmique. Il nous permet aussi de faire l’expérience troublante d’un oubli de nous-mêmes, d’une abdication de la conscience qui nous donnerait un avant-goût de l’absolu, tout en nous offrant une morale de l’action, un exercice spirituel de la réserve et du détachement. Enfin, dormir crée un lien unique entre les êtres, qu’il s’agisse du couple d’amoureux qui s’observent, ou des veilleurs indispensables au repos de tous, et qui font peut-être du sommeil le fondement de la cité et de la concorde. Cet éloge souhaiterait montrer combien le sommeil est un ressourcement et un art de vivre. Il propose une promenade à travers des siècles de littérature, de philosophie et de sagesses du monde : de l’hindouisme à Shakespeare, de Montaigne à Nietzsche, de Freud à Pessoa… Mais aussi un panorama des dernières connaissances scientifiques sur la valeur et les bienfaits du sommeil. En intermède, quatre éloges originaux sont enfin signés par de grands auteurs contemporains : Alexis Jenni (prix Goncourt 2011), François Garde, Martin Page et Sophie Divry.

Sous la direction de Dalibor Frioux, un manifeste engagé contre l’hégémonie d’une vie à flux tendu, pour défendre le plus intime de nos espaces de liberté.

Incident voyageurs
(Points, 2015)

L’enfer, tout passager d’un train de banlieue sait à quoi il pourrait ressembler : un wagon bondé, abandonné quelque part sur le réseau, après avoir vogué d’incident en incident. Coincés dans un tunnel du RER A, la ligne la plus chargée d’Europe, les deux mille voyageurs entassés n’ont tout d’abord pas voulu y croire. Ça ne durerait qu’une heure, qu’une matinée tout au plus. Mais c’est en vain que les batteries des portables se sont déchargées, que les larmes ont coulé et que les signaux d’alarme ont été tirés. Les semaines, les mois passent, les années peut-être.

Dans ce huis clos sous néons aveuglants, Anna, jolie mère célibataire, Vincent, cadre supérieur raffiné qui espérait s’envoler pour Buenos Aires, et Kevin, entreprenant chômeur en fin de droits, se demandent comme tous les autres s’ils sont les derniers des oubliés, les uniques survivants d’une catastrophe ou les participants d’un stage de réinsertion, et ce qu’ils ont fait pour mériter cela.

Qu’être, que faire dans cette foule définitive où l’espoir, l’ambition et le sexe renaissent sous des formes perverses et délirantes? Aux commandes de ce roman à trois voix, conte cruel de la surpopulation, de la promiscuité et de l’emploi que les hommes font les uns des autres, le lecteur savourera enfin tout le temps perdu dans les transports en commun.

Brut
(Points, 2012)

Milieu du XXIe siècle. À l’écart des grands continents minés par la violence et la pollution, la Norvège a trouvé la formule du bonheur : démocratie exemplaire, nature grandiose et pétrole de la mer du Nord. Le royaume a même conçu la bouteille où enfermer le démon qui le sert : un fonds éthique où sont placés les milliards de la manne sous-marine.

À quelques mois des élections générales, l’ancien mannequin Katrin jouit sans retenue de ce paradis, le constructeur de barrages Kurt Jensen intrigue pour entrer au comité remettant le Nobel de la Paix, tandis que Henryk, philosophe à la tête du Fonds, lutte pour concilier argent et vertu.

Mais ce pays bien huilé se détraque : des jeunes meurent mystérieusement, les populistes xénophobes dressent un mur au cœur des forêts et promettent de rendre l’argent au peuple. Quant à Jensen, ses ambitions se heurtent aux profondeurs refoulées du miracle pétrolier.

Puisant dans l’histoire récente d’un pays modèle et dans la poésie des éléments, ce roman est un chant d’adieu à l’or noir, notre excitant depuis plus d’un siècle. Même dans l’air salubre du Grand Nord, y a-t-il de la richesse sans part maudite, une paix qui échappe à l’ennui, du brut sans brutalité ?

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