Antoinette Rychner
Buchet-Chastel, 2020 ; Harper Collins poche, 2022
“Après coup, il nous arriverait de penser que rien (ni la création artistique, ni la philosophie, ni le divertissement, ni la signature de pétition en ligne) n’aurait dû sembler aussi important que la lutte contre des compagnies commerciales géantes, infinies avaleuses de ressources. Et qu’il aurait fallu, pour commencer, identifier les fondements de ce système qui, en coupant les liens unissant nos actes à la conscience morale, interdisait à chacun d’endosser ses responsabilités.
Lorsque que nous repenserions à la vie que nous menions à cette époque, une des seules choses qui nous paraîtrait compréhensible serait notre habitude d’organiser des brunchs.
A travers les bouleversements qui viendraient, nous comprendrions à quel point nous réunir comptait. Nous réunir, et nous témoigner du réconfort.”
Antoinette Rychner commence très fort. Son introduction (“Chant pour se souvenir”) est un condensé de réflexion sur le mode de vie d’une personne citadine de classe moyenne consciente de l’importance de l’écologie. Elle s’adresse évidemment à son lectorat, et c’est très déstabilisant de se retrouver en grande partie dans ce portrait qu’on aimerait éloigné de soi. Mais ne nous voilons pas la face, elle a totalement raison.
Nous sommes en 2030, 8 ans après un cyclone qui a ravagé la côte ouest des États-Unis. Il a mis en faillite les copagnies d’assurance entraînant dans sa chute tout le système mondial. Les rescapés tentent tant bien que mal de survivre.
Sous la forme d’un roman choral (26 prénoms pour les 26 lettres de l’alphabet), on assiste à de nombreuses tentatives de recréations sommaires de vie en société pour essayer d’autres manières d’habiter le monde. Rien n’est simple et cela rend la lecture très prenante car quand on est écoanxieux, on s’y croit vraiment. Je suis passé par toutes les émotions, ce livre m’a bouleversé et c’est exactement ce que je cherchais.
William
Lien vers le site de Buchet-Chastel et celui d’HarperCollins