Mister Geopolitix, Lodovic Danjou et Adrien Martin
Tome 1
Soleil, 2021
Mister Geopolitix, c’est Gildas, un aventurier reporter passionné qui se questionne sur les enjeux humains, l’impact environnemental de nos sociétés, les conséquences des choix des politiques. Pour comprendre la déforestation, Gildas se lance dans un voyage autour du monde. Une aventure qui nous emmène au cœur de l’Amazonie, dans les plaines africaines jusqu’aux forêts indonésiennes. (résumé éditeur)
“Ce qui est passionnant avec ce sujet, c’est que les forêts ne sont pas des espaces coupés du monde. […] Il faut aussi tenir compte de l’agriculture, l’élevage, la construction de routes, les peuples autochtones, la pauvreté, l’augmentation de la population… » [un des premiers pas pour lutter contre la déforestation est de commencer par bien la comprendre, afin d’y répondre le plus justement possible.]
Le point de départ qui missionne Gildas à faire un reportage sur la déforestation est intéressant en lui-même.
C’est parce qu’une scientifique de l’institut national de recherche agronomique de Nancy manque de moyens financiers pour continuer ses recherches sur les essences des arbres et leur fonctionnement dans les grandes forêts, qu’elle a l’idée de sensibiliser le grand public aux problèmes de déforestation par un reportage et de s’appuyer sur le documentaire pour des demandes de financements.
On voit déjà les liens qu’on retrouvera partout : utilisation de la nature comme ressource, besoins financiers, problématiques de surexploitation, pénuries ou difficultés d’accès, information et dénonciation publique des problématiques, utiliser la conscience collective des problèmes pour faire pression sur les décideurs et obtenir des financements ou des lois de protections ou de nouvelles réglementations.
La BD illustre très bien les diverses étapes au fil des rencontres. Le nœud du problème est l’exploitation de la pauvreté. Une population qui ne peut pas assurer sa survie peut être poussée à renier ses valeurs, son sens critique et son lien à la nature pour survivre quelque soit les dangers. Et ceux qui luttent sont divisés, avec de faibles moyens face aux grands groupes de l’agrobusiness. Priver les individus de choix pour construire leur vie permet aux décideurs de faire pression pour obtenir les basses besognes qui détournent les lois et les règles, se déresponsabilisant des risques, punitions et ignorant les conséquences humaines et environnementales.
Le problème de la déforestation est rapidement montré comme une problématique économique et sociale.
Un dossier à la fin donne les chiffres effarants : en 10 ans (2000 à 2010) l’agriculture commerciale basée sur l’élevage et le soja est responsable de 40% de la déforestation globale sur cette période, essentiellement pour l’exportation et la nourriture des animaux d’élevages.
On comprend le besoin urgent d’éloigner la population mondiale du désir de viande et de laitage pour limiter cette expansion de la déforestation.
Il m’a manqué un aspect dans l’histoire : le côté militant contre la déforestation et comment les associations et locaux se défendent. Le passage des défenseurs de la forêt est trop bref. À la fin du dossier j’aurais souhaité peut-être 2 pages de plus pour résumer les luttes en cours ou à venir, des noms d’associations ou même un focus sur les lois commerciales françaises et européennes auxquelles nous devons être vigilants pour sauvegarder les forêts. Mais il y aurait tellement à dire quand on veut rentrer dans les détails !
Une BD qui aborde très bien le sujet pour introduire une sensibilisation et lancer le débat. À compléter avec la chaine youtube Mister Geopolitix et d’autres sources pour en savoir plus bien sûr.
Gaëlle