Samedi 5 octobre
17h45 – 19h15
Salle des mariages
Les interventant.es
Malcom Ferdinand est ingénieur en environnement de l’University College London, docteur en philosophie politique de l’université Paris-Diderot et chercheur au CNRS (IRISSO / Université Paris-Dauphine). Il a reçu le Prix de la FEP en 2019 pour Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen (Seuil, Anthropocène, 2019). Il est membre de l’Observatoire Terre-Monde.
Shela Sheikh
L’association A4
Les livres
Décoloniser le changement climatique, Plurivers, éditions du commun, n°1, février 2024
Les destructions des écosystèmes se sont accélérées et ont exacerbé les relations de dominations entre Nord et Sud globaux. L’environnementalisme occidental, par son exclusion d’une partie des peuples de la Terre, a échoué à proposer des outils théoriques, pratiques et politiques pour véritablement confronter la crise écologique globale et construire un monde plus juste. En partant des expériences des peuples autochtones et subalternes du Sud et Nord, et des territoires anciennement colonisés y compris des « Outre-mer », Plurivers offre une approche plurielle des pensées de l’écologie allant au-delà de la modernité occidentale. Internationale, interdisciplinaire et plurilingue, cette revue permet de penser les possibilités d’action selon notre position sociale et géographique ; elle dessine différents possibles afin de faire-monde en commun à l’heure où les conditions d’habitabilité de la Terre sont en péril.
Comment penser le plus grand scandale écologique des Antilles, cette contamination généralisée au chlordécone ?
L’écologie sera décoloniale ou ne sera pas, annonçait le livre précédent de Malcom Ferdinand. Il s’agit à présent de déployer ce cadre d’analyse pour éclairer toutes les facettes de l’une des catastrophes environnementales les plus révoltantes de la Ve République : la contamination des Antilles par le chlordécone. Cette molécule cancérigène et perturbateur endocrinien utilisée dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe des années 1970 à 1990 a causé une contamination durable, généralisée et délétère de l’ensemble des écosystèmes, y compris de leurs habitants – même
vingt ans après son interdiction.
Il faut aujourd’hui reconnaître que cette contamination est le résultat inséparable d’un ensemble de relations agroéconomiques, sociales, politiques, législatives, scientifiques, sédimentées au fil de siècles de colonisation française et d’esclavage. L’habiter colonial de la Terre a conduit à une double toxicité : un traitement différencié de la Terre et une déshumanisation des corps racisés. Aussi, S’aimer la Terre est à la fois le récit de révoltes décoloniales face à cet habiter et ses violences et la proposition d’un horizon politique visant à créer des relations à la Terre et à ses corps, portées par les principes d’égalité, de justice, de dignité et d’amour.
En partenariat avec L’Observatoire Terre-Monde
L’Observatoire Terre-Monde est né d’une volonté partagée de mettre en lumière la diversité des enjeux écologiques inhérents aux territoires dits « d’Outre-mer ». À l’heure où l’impératif écologique nous enjoint à repenser collectivement nos manières d’habiter la Terre et de vivre-ensemble, l’Observatoire a pour vocation de constituer un lieu d’étude, d’actions et de diffusion de recherches et de connaissances autour des enjeux écologiques inhérents aux territoires « d’Outre-mer » et leurs proches régions. Les activités de l’association s’articulent aujourd’hui autour de cinq pôles thématiques qui attestent des engagements qui sont les nôtres: la recherche ; la documentation ; l’éducation ; la veille ; et le plaidoyer. À travers ces actions, nous souhaitons contribuer à instaurer un monde commun, respectueux des droits fondamentaux et dignités des êtres humains tout autant que ceux des non-humains et des écosystèmes de la Terre.